200 ans d'histoire industrielle
Le point de départ de l’Usinerie, c'est l’envie et la liberté d’entreprendre, de servir les besoins des habitants, d’assurer le développement économique d’un territoire en se passionnant pour les nouvelles technologies industrielles.
Avant-gardistes, hommes politiques, investisseurs, ingénieurs... Tous ont construit leurs histoires, cette histoire de l’Usinerie. Tous ces projets se sont créés, transformés par des innovations et grâce aux réseaux industriels.
Devant les verrous technologiques, l’académie s’établit, les recherches se mettent en place, les programmes de formation sont créés et délivrés. Leurs mises en application pour et dans les entreprises sont facilitées et précurseurs de grandes innovations.
L’Usinerie incarne cet écosystème et cette philosophie.
Ce sont les technologies dans le traitement de l’image, en passant de la photographie à la réalité virtuelle, qui évoluent au fil de ces 200 ans d’histoire. Ces outils se développent aujourd’hui avec et par le numérique.
L’Usinerie, 200 ans d’histoire, de la 1ère à la 4e révolution industrielle
L’Usinerie s’est installée dans le Moulin de la Sucrerie Blanche et de la Sucrerie Rouge à Chalon-sur-Saône, bâtiments riches d’une histoire industrielle qui s'étend de sa création en 1823 à nos jours.
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La genèse du projet
Les recherches sur la machine à vapeur ont été initiées dès la fin du XVIIe siècle en France, en Angleterre, en Espagne, en Italie ou encore aux Pays Bas. Les ingénieurs et inventeurs de ces pays collaborent parfois, et c’est l’Angleterre qui va dominer et prendre une longueur d’avance.
L’industrie prend alors son essor avec la première révolution industrielle, qui s'étend de la fin du XVIIIe siècle au XIXe siècle, marquée par l'usage de la machine à vapeur et la transition vers une production mécanisée à grande échelle, remplaçant les ateliers artisanaux par des usines.Concomitamment, l’académie se met en place en France et l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM) est créée en 1780 pour une formation technique et scientifique. Le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) a suivi en 1794 afin de perfectionner l’industrie nationale, combinant également recherche et formation.
Par la suite, la famille Schneider, dynastie industrielle du Creusot, a participé activement à la mise en place de cet écosystème sur plusieurs générations. Eugène I Schneider a tout d’abord mis en place les écoles « Schneider » dès 1837 afin d’assurer l’instruction des enfants des ouvriers. L’offre d’enseignement est large, de l’école primaire à la préparation au concours aux Ecoles Nationales des Arts et Métiers en passant par l’apprentissage. Plus tard, son petit-fils Eugène II Schneider, à la suite de mouvements ouvriers en 1899 et pour établir un dialogue, propose aux dirigeants industriels de se rassembler pour « travailler au groupement d'industriels qui, jusqu'à présent, n'avaient pas encore jugé nécessaire de se réunir en comités patronaux ». Son idée se matérialise 2 ans plus tard.
L'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) a été fondée plus d’un siècle plus tard en 1901, pour représenter les intérêts des entreprises du secteur métallurgique face aux transformations sociales et industrielles, jouant un rôle clé dans la négociation collective, la formation professionnelle et l'innovation industrielle.
Ses fondateurs, Robert Pinot et Edmond Duval ont été les initiateurs de cette organisation, visant à fédérer les différents syndicats de la métallurgie et des mines pour former un front uni. Au fil des décennies, l'UIMM a élargi son champ d'action en intégrant de nouveaux secteurs liés à la métallurgie, tels que l'automobile, l'aéronautique et l'électronique. Cette capacité d'adaptation lui a permis de maintenir son influence dans un paysage industriel
en constante mutation.En parallèle, à Chalon-sur-Saône, Nicéphore Niépce, inventeur de la photographie et natif de la ville, développe avec son frère Claude un moteur à explosion breveté en 1807, que Claude va lui-même commercialiser en Angleterre en 1817. Nicéphore se concentre alors seul, à Chalon, sur ses recherches « héliographiques » et du pyréolophore pour
obtenir ses premières photographies entre 1822 et 1824. -
Création et débuts (1823)
Le moulin à vapeur de Saint-Cosme est construit en 1823, par Fortuné Joseph Petiot Groffier, marquant le début de l'ère industrielle à Chalon-sur-Saône. Cet avocat du barreau de Chalon, devenu entrepreneur industriel, a fait jouer/sollicité son réseau jusqu’en Angleterre, alors pionnière sur l’utilisation de la vapeur, pour rechercher une machine innovante et plus performante que les moulins français existants. Ce moulin est l'un des plus anciens modèles à vapeur industriels encore debout aujourd'hui, et le plus ancien bâtiment industriel de Saône-et-Loire.
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Transformation en sucrerie
D’abord destiné à moudre le grain de la région, le moulin diversifie ses activités dès 1844 avec une huilerie de colza. Lorsque Jean-Baptiste Chaponnois* rachète les bâtiments en 1861, le moulin devient une sucrerie, puis une raffinerie est créée l’année suivante, profitant de la révolution industrielle et de l'essor de la production de sucre à partir de la
betterave. La sucrerie se compose de plusieurs bâtiments abritant des installations industrielles, des magasins, et une maison de maître avec jardin. Malgré un incendie en 1889, l'ensemble est bien conservé, à l'exception de quelques éléments périphériques.*Jean-Baptiste Champonnois a joué un rôle crucial dans le développement de l'industrie sucrière en
France, notamment grâce à ses innovations dans la distillation de la betterave. -
Expansion et modernisation
Au fil des décennies, la sucrerie connaît plusieurs phases de modernisation pour améliorer sa production, notamment en 1924, avec l’arrivée à sa tête de Jean Balland Brugneaux. Malgré des destructions importantes pendant la Seconde Guerre mondiale, elle devient un pilier de l'industrie locale, employant à l’apogée de son activité en 1954, plus de 600 ouvriers et produisant plus de 10 000 tonnes de sucre, contribuant significativement à l'économie de la région.
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Déclin et fermeture (1993)
Malgré ses efforts pour rester compétitive, la sucrerie cesse sa production en 1965 et maintient dans ses murs le siège des sucreries de Bourgogne en conditionnant des paquets de sucre jusqu’à l’arrêt de ses activités en 1993. Cette fermeture est le reflet des défis économiques et des changements dans l'industrie sucrière.
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Transition vers un nouveau projet
L’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers poursuit son développement et compte désormais 8 campus en France, dont un en Bourgogne à Cluny, au sein de l’emblématique Abbaye. En 1997, l’Institut Image, rattaché à Cluny, est créé à Chalon sur la rive gauche de la Saône. Son objectif est le développement de techniques et usages de l'immersion virtuelle au service de l'ingénieur, à travers ses missions : formation, recherche et innovation.
Le CNAM multiplie également ses implantations régionales et s’installe sur le territoire chalonnais en 2019 ou 2017.Aujourd'hui, l'UIMM représente 45 000 entreprises et 1,3 million de salariés. Elle joue un rôle crucial
dans la négociation collective, la formation professionnelle et l'innovation industrielle, tout en s'adaptant aux défis contemporains comme la transformation numérique et la transition écologique.
Sur la rive droite de la Saône, le site de 11 hectares est racheté par la ville de Chalon. La sucrerie rouge est réhabilitée en 2004, par le cabinet d’architecte Gauvain, pour devenir un pôle Son et Image de Chalon-sur-Saône, via la SEM Nicéphore Cité soutenue par le Grand Chalon.
La sucrerie blanche est détruite progressivement pour laisser place à de nouveaux bâtiments. Quant au moulin, bien que menacé de démolition, il est finalement préservé grâce à son inscription au titre des monuments historiques en 2012, ce qui permet sa réhabilitation ultérieure. -
Réhabilitation et nouvelle Vie du Moulin
Après sa fermeture, le Moulin de la Sucrerie Blanche est donc réhabilité. Les travaux dureront 3 ans de 2019 à 2022. Ainsi les locaux de Nicéphore Cité, qui devient en 2021 L’Usinerie Partners, et le Moulin s’assemblent pour devenir en 2022 L’Usinerie, un pôle d'innovation et de digitalisation pour l'industrie.
Ce projet (lien interne vers page Le Projet), porté par le Grand Chalon, l'Institut Image Arts et Métiers (lien interne vers page ENSAM), l’UIMM 71(lien interne vers page UIMM), le CNAM Bourgogne-Franche-Comté (lien interne vers page CNAM), et l’Usinerie Partners (lien interne vers page UP), vise à créer une plateforme d'accélération vers l'industrie du futur/ l’industrie 4.0 (lien interne vers l’industrie 4.0), intégrant des nouvelles techniques innovantes numériques dont l'imagerie virtuelle.
Le bâtiment a été réaménagé pour accueillir des étudiants, enseignants-chercheurs, doctorants, un espace de coworking et des services technologiques de pointe, favorisant les échanges entre entrepreneurs/entreprises et étudiants. L'extension architecturale du Moulin, conçue par l'agence Vurpas Architectes, respecte l'héritage historique du site tout en intégrant des éléments modernes pour les plateaux techniques (lien interne vers page Reportage photo sur le chantier ou Mot de Vurpas).
En somme, le Moulin de la Sucrerie Blanche est un témoin emblématique de l'évolution industrielle de Chalon-sur-Saône, passant d'un moulin à vapeur pionnier à une sucrerie prospère, avant de se réinventer en un hub d'innovation technologique.
L’Usinerie réaffirme son rôle de pilier du développement économique du territoire, au service d’un réseau d’entrepreneurs industriels, de chercheurs et étudiants.